Silicon Mountains

Anthropologie Sociale

Nous présentons ici les projets de recherche actuels sur les Alpes suisses.

Sustainable Commons Adaptations to Landscape Ecosystems in Switzerland (SCALES). Institutional Change, Constitutional Innovations and Public Policies in Swiss Resource Management

Le projet de recherche SCALES (2017-2020) porte sur la gestion des ressources exploitées en commun (common-pool resource CPR) en Suisse, en se concentrant principalement sur les pâturages et les forêts. Fondé sur une approche interdisciplinaire mobilisant cinq disciplines (Histoire, Anthropologie, Géographie humaine, Economie rurale et Sciences politiques), le projet a notamment pour objectif d’étudier l’évolution des usages et de la gestion de ces ressources communes durant les trois derniers siècles en Suisse. Plus particulièrement, il vise à comprendre les effets de la gestion de ces ressources sur la durabilité économique, écologique et sociale. Il s’intéresse également aux transformations de leur mode de gestion résultant d’une intervention croissante de l’Etat, par exemple au travers de l’introduction du Code civil fédéral en 1912 ou du développement des politiques publiques fédérales et cantonales depuis le milieu du XIXe siècle.
Stéphane Nahrath, associé à Jean-David Gerber (Docteur en administration publique de l’IDHEAP et Professeur assistant à l’Université de Berne), est responsable du volet Sciences politiques du projet. Sa recherche portera sur l’analyse des politiques publiques en œuvre dans la gouvernance des CPR. Rémi Schweizer (également Docteur en administration publique de l’IDHEAP), qui a déjà travaillé sur l’irrigation et les politiques environnementales, est le chercheur post-doc engagé dans ce projet.
Les résultats attendus du projet portent notamment sur les conditions de viabilité économique et sociale de la gestion des ressources communes, ainsi que sur les conditions de perpétuation des institutions de gestion communautaire inventées il y a parfois plus de cinq siècles.

Piégé au Paradis : Mobilités enchevêtrées et imaginaires de liberté

Dans le projet « Piégés au paradis » financé par le FNS, Dr. Sabine Strasser, le chercheur Dr. Paul Reade et la chercheuse Danaé Leitenberg s'intéressent à deux petites villes touristiques situées sur la côte d'Oaxaca (Puerto Escondido, Mexique) et dans les Alpes suisses germanophones. Ils s’intéressent aux régimes complexes d'im/mobilités qui façonnent ces localités, souvent isolées, qui accueillent pourtant des millions de personnes chaque année. En suivant ceux et celles qui vivent et travaillent au "Paradis", le projet considère la façon dont ils et elles y vivent et négocient de manière éthique, les exigences d'une industrie touristique qui, d'un côté, vend l'extraordinaire (temps et/ou nature) aux touristes et, de l'autre, exerce une pression sur ceux et celles qui construisent, entretiennent et reconstruisent la station jour après jour. Dans les Alpes suisses, le fragile équilibre entre "trop" et "pas assez" de tourisme est au cœur des préoccupations des habitant⋅e⋅s pour l'avenir, amplifiées par les enjeux du changement climatique. En même temps, l'importance historique de la main-d'œuvre étrangère dans l'industrie hôtelière de la région est souvent sous-estimée. Cela a des conséquences sur la vie de ceux et celles dont le travail est essentiel au succès économique de la région, mais dont les voix et les opinions sur l'avenir sont souvent ignorées. 

« Persistance, contraintes et détournement de la division sexuelle du travail dans la sphère domestique. Une étude de cas dans les Alpes valaisannes »

Après une première expérience similaire dans la Val Maggia (Tessin), un ambitieux dispositif de formation expérimental d’une durée de deux ans spécifiquement conçu pour les femmes des vallées alpines et intitulé parcoursArianna a été implémenté en Valais, dans le Val d’Anniviers. Ses concepteurs et conceptrices partaient du constat que les femmes de ces régions dites périphériques étaient défavorisées en matière de formation et d’accès à l’emploi du fait de leur situation sociogéographique. L’objectif de cette formation d’une durée de deux ans était d’offrir in situ aux participantes les cours, les outils et le soutien nécessaires pour imaginer puis créer des microentreprises qui leur permettent de concilier charges familiales et travail professionnel tout en participant au développement durable du territoire où elles vivent. 
Avec une perspective féministe s’inscrivant dans le domaine de l’anthropologie sociale, j’ai abordé ce dispositif comme un révélateur potentiel de l’évolution des rapports sociaux de sexe dans la famille des participantes. Ma recherche de terrain a pour objectif d’analyser dans quelle mesure les contraintes imposées aux participantes par la division sexuelle du travail dans leur sphère domestique et l’articulation entre famille et formation/travail ne les empêchent pas de profiter pleinement de l’opportunité proposée dans leur vallée et de s’investir dans le développement d’un projet personnel original et rémunérateur destiné à "professionnaliser leurs compétences". En inversant la perspective, cette thèse interroge également la capacité d’une action publique à s'immiscer dans l’espace domestique pour y modifier les normes liées aux rôles de genre et statuts de sexe. Pour ce faire, j’ai mobilisé divers outils méthodologiques tels qu’entretiens, observations, ou encore analyse de divers documents internes et publications scientifiques en lien avec la formation.